Certains détaillants européens entrent sur le marché des fruits et légumes laids, se positionnant comme des croisés contre le gaspillage alimentaire.

Cette semaine, Edeka d’Allemagne a commencé à vendre les articles défectueux dans certains de ses magasins à travers le pays, dans le cadre d’un projet pilote de quatre semaines.

Normalement, les légumes tordus finiraient jetés ou à l’alimentation animale, parce que les consommateurs «achètent trop avec leurs yeux et se sont habitués à certaines normes» de forme et de couleur, a déclaré Gernot Kasel, un porte-parole pour le numéro un en part de marché des détaillants Allemand.

“Personne n’est parfait”, les pommes mal proportionnés, pommes de terre et carottes se vendent moins cher que leurs homologues «normaux».

Coop Suisse, leader du marché, conclu de nouveaux horizons similaires en Août avec une gamme appelée “Unique”, proposé dans environ un tiers de ses magasins.

Après les abricots tachées et les choux-fleurs taches de rousseur, les carottes ces jours-ci à trois pattes sont en lice pour les acheteurs « favoris », a déclaré la porte-parole Coop Nadja Ruch.

Ils sont à un prix d’environ 60% moins cher que les carottes “de première classe”, dit-elle.

«Il y aurait possibilité de vendre beaucoup plus de ces produits, alors que la demande a dépassé nos espérances», a déclaré N. Ruch. Mais il n’y a tout simplement plus de fourniture de ces «humeurs de la nature».

Le distributeur allemand Rewe a lancé sa propre gamme “Wunderling” la semaine dernière dans ses magasins autrichiens. Le nom est un croisement entre  les mots « anomalie » et « miracle ».

Le géant de la distribution britannique Sainsbury a ouvert la voie l’année dernière. Les conditions météorologiques défavorables traduites par une baisse spectaculaire des fruits du pays et de la production de légumes, et un taux élevé de marchandises déformées et endommagées.

Sainsbury s’est néanmoins engagé à acheter toute la production, y compris les spécimens laids. Ils ont trouvé leur chemin sur les étagères ou comme ingrédients dans les plats préparés ou encore des pâtisseries.

Pour Rewe entrer sur ce marché “n’est pas une décision fondée sur des considérations économiques”, a indiqué la compagnie.

Il voit le projet, qui sera étendu à d’autres marchés si l’expérience autrichienne est un succès, comme “une étape concrète contre la culture du gaspillage alimentaire».

Selon des chiffres récents de l’Organisation alimentation et agriculture des Nations Unies, plus d’un milliard de tonnes de nourriture sont jetés chaque année, ce qui coûte au monde environ 750 milliards de dollars.

Les groupes environnementaux et de lutte contre la pauvreté ont longtemps mis en évidence le problème, et 2014 a été marquée l ‘”Année européenne contre le gaspillage alimentaire” par l’Union européenne.

Avec leur action fruits et légumes laids, Edeka, Coop et les autres ont clairement adopté une réelle tendance.

Les produits “sont de qualité et de goût optimal», explique Rewe.

Dans de nombreux marchés, la qualité, le goût et l’origine sont de plus en plus important dans les décisions d’achat. C’est le cas en Allemagne par exemple, où le goût est le critère d’achat N°1 pour la nourriture, avant le prix, selon une étude réalisée par l’institut Ipsos.

D’un point de vue des producteurs se débarrasser des produits disgracieux est une préoccupation «d’importance secondaire», a déclaré Jochen Winkhoff, qui est en charge de l’association Bauernverband.

Néanmoins, les producteurs se félicitent du nouveau marché pour leurs fruits et légumes défectueux, surtout si l’arrivée de pommes de terre et courgettes à l’aspect étrange sur les tablettes des supermarchés « soulève de vraies questions sur la nature » pour les consommateurs.

Mais les agriculteurs veulent encore s’accrocher à des normes strictes dans leurs relations avec les détaillants.

«Ils font sens total”, a déclaré Winkhoff », par exemple lors de la fixation des prix”.

“Aujourd’hui, chaque transaction est effectuée sur le téléphone ou sur Internet, et les parties doivent s’assurer qu’ils parlent de la même chose”, a-t-il ajouté.

Un certain nombre de normes de l’UE ont été abandonnés en 2008.

L’écrasante majorité des professionnels continue d’appliquer les normes établies par la CEE.

Ceux-ci précisent par exemple que les taches brunes sur un abricot ne doivent pas dépasser 15 pour cent de sa surface. Et une courgette se doit être d’au moins 7 centimètres de long et exemptes de cavités.